Messages de François DUNAN
Grand Maître de la Maintenance
ARCHIVE 2023 :
In memoriam
Monseigneur Bernard
Barsi
Le 28 décembre dernier, une terrible nouvelle
nous saisissait : Monseigneur Bernard
Barsi,
notre cher Aumônier Général honoraire, venait
d’être appelé au sein de la maison du Père.
Terrible par sa soudaineté, cruelle à l’idée de
ne plus croiser sa si grande bienveillance.
Toute la vie de Mgr Bernard
Barsi
aura été consacrée au service du Christ, de Son
Eglise et, pendant quatorze belles années, à
l’accompagnement spirituel de notre Maintenance.
Le 19 juin 2019, jour de la Fête-Dieu, célébrant
le cinquantième anniversaire de son ordination
sacerdotale, il déclarait : « Cinquante ans
après mon ordination, en jetant un regard sur le
chemin que j’ai parcouru, j’exprime ma joie
d’avoir été appelé, choisi et envoyé par le
Seigneur. Que Dieu m’accorde de poursuivre mon
ministère avec passion et amour. Lancé vers
l’avant, j’espère pouvoir un jour saisir ce
Christ Jésus qui m’a saisi, voilà 50 ans ».
Il a accompli son ministère jusqu’au bout.
Vous trouverez dans ce Labarum les deux homélies
prononcées lors de ses funérailles célébrées en
la Cathédrale de Monaco et lors de la Messe de
Requiem célébrée en la Cathédrale de Nice.
Bon Pasteur
de notre Maintenance, sachons rendre grâce pour
son accompagnement spirituel, son écoute
toujours vigilante et pour sa tendresse
paternelle déployée à l’endroit de chacun de
nous. C’était là son charisme, son chemin
d’évangélisation.
Nous venons de perdre un pasteur, un confesseur,
un confident, un ami...je ne doute pas que nous
bénéficions désormais d'un intercesseur à
l'écoute !
3ème
Forum
paneuropéen des Confréries
Le 3ème Forum paneuropéen des
Confréries s’est tenu à Nice le 1er
octobre 2022.
De prochaines rencontres sont prévues : à Mafra
(Portugal) en 2023, à Katowice (Pologne) en 2024
puis à Rome à l’occasion du prochain Jubilé
universel 2025.
La réunion, à l’invitation de notre Maintenance,
s’est tenue dans les locaux prestigieux du
Palais sarde mis à disposition par le
Département des Alpes-Maritimes avec la
participation de délégations de Malte, d’Italie,
d'Espagne, du Portugal, de Pologne et de Suisse.
Je regrette que notre Maintenance ait été si peu
représentée.
À cette occasion, nous avons eu le plaisir
d’entendre d’illustres conférenciers : le
Recteur Magnificus de la Faculté de Théologie de
Lugano (FTL), Don René
Roux,
et le délégué du Conseil d’administration de la
Miséricorde d’Italie, Me Francesco
Lima
; étaient également présents l’assistant
ecclésiastique de la Confédération des
Confréries d'Italie, S.E.R. Monseigneur Michele
Pennisi
et notre regretté Aumônier Général
émérite Monseigneur Bernard
Barsi.
Le Forum a été parrainé par le nouveau Dicastère
pour l’Évangélisation, qui a également autorisé
pour la première fois l’utilisation de son logo
sur l’affiche de l’événement (cf infra),
ainsi que par le Conseil des conférences
épiscopales européennes. Les messages de soutien
ont été nombreux : tout d’abord, la lettre de
S.E.R. Monseigneur Rino
Fisichella,
Pro-Préfet du Dicastère de l’Évangélisation
(dont le Pape François lui-même est Préfet), qui
nous a souhaité "un grand succès", a souligné
comment les Confréries catholiques sont
« appelées à être une expression vivante de la
spiritualité populaire; une mission que le Pape
vous a déjà confiée en 2013, en vous disant de :
"maintenir vivante la relation entre la foi et
les cultures des peuples auxquels vous
appartenez" ».
Poursuivant la tradition déjà entamée par le
maire de Lugano à l’occasion du Forum espagnol,
l’Alcalde de Málaga, Francisco
de la
Torre, s’est adressé à la réunion de Nice
en souhaitant que « cette semence
confraternelle, maintenant sur le sol français,
poursuive son chemin fructueux afin que toutes
les confréries du monde puissent poursuivre en
commun leur importante mission ».
Le programme comprenait un certain nombre de
présentations le samedi matin, suivies dans
l’après-midi d’une discussion collégiale sur la
participation des Confréries à l’Année Sainte de
2025.
Le père
Roux a ouvert la journée en présentant
les travaux de la "Commission théologique des
confréries" (CTC) qu’il préside, composée
aujourd’hui de six membres de quatre nations
européennes. Le premier rapport d’étude a été
publié en juillet 2022 dans la "Rivista
Teologica di Lugano", entièrement consacrée aux
Confréries. Le CTC prévoit d’achever les travaux
au cours de la période de cinq ans et de publier
le rapport final pendant le Jubilé.
D’autres présentations ont été faites par des
membres de fédérations nationales, notamment par
Davide
Adamoli, historien de l’Union des
Confréries du Diocèse de Lugano (UCDL), qui a
méticuleusement recensé (et souvent contacté)
toutes les Confréries existantes dans la zone
germanophone de l’Europe : Autriche, Allemagne,
Liechtenstein, Suisse et une partie du
Luxembourg. Un travail d’une importance
considérable pour le Forum, qui a révélé
l’existence de pas moins de 1350 confréries
actives en Allemagne, certaines ayant plus de
cinq siècles d’histoire.
Le délégué de la Conférence épiscopale
polonaise, le père Mariusz
Marszalek, a décrit les résultats de la première rencontre
nationale des confréries (mai 2022), où 750 ont
été recensées.
L’Espagne a fourni les chiffres définitifs du
recensement, qui fixent le nombre de fraternités
actives à 13.135, qui célèbrent 13.081
processions chaque année ; la région qui compte
le plus grand nombre de confréries reste
l’Andalousie, où 2.500 opèrent, avec un million
de membres ; suivie par la région de Castilla y
León, avec 300.000 confréries. La plus ancienne
confrérie espagnole en activité est celle de
Tolède : la Real Cofradía de la Santa Caridad,
fondée en 1085, preuve vivante que les
confréries sont les plus anciennes associations
laïques de l’Église catholique. Mais aussi les
plus nombreuses, puisque l’Europe compte déjà de
27.000 confréries diocésaines, avec environ six
millions de membres.
Lors du prochain Forum de Mafra, la France et le
Portugal présenteront les données définitives de
leurs recensements.
J’en appelle à vos contributions pour alimenter
et bâtir cette présentation.
Me Lia
Coniglio, membre du conseil
d’administration de la Fédération italienne, a
fait le point sur le projet de l’UNESCO et sur
les statuts du Forum : les deux sont prêts dans
leur version finale.
Enfin, le représentant des Confréries de la
Miséricorde a illustré la réalité européenne de
leur fédération, qui compte quelque 852
structures avec 700.000 membres et 100.000
bénévoles ; elles sont également nombreuses au
Portugal et en France.
Au cours de l’après-midi, le président honoraire
de la Fédération, Francesco
Antonetti,
a illustré le projet de programme de ce que nous
pouvons déjà appeler le " Jubilé des Confréries
", qui débutera en fait en 2024 avec deux
grandes journées de prière (dont le Rosaire
mondial) et la création d’un Vademecum du
Frère. Elle culminera par de grands événements
publics mi-mai 2025 dont la grande Messe papale,
une grande procession et une journée dédiée aux
jeunes confrères.
Le Forum de Nice a donc été une étape importante
dans les projets communs des Confréries,
notamment en ce qui concerne le programme du
Jubilé.
Avec l’assurance de mon amitié fraternelle,
Frère François Dunan
Grand Maître de la Maintenance
ARCHIVE 2022
:
Synode 2021-2023
Le pape François
a ouvert le synode
sur la synodalité,
« Communion, Participation, Mission » dimanche 9
octobre 2021 à Rome.
Cette même
démarche s’ouvre dans tous les diocèses du
monde.
Marcher ensemble
Ce synode durera
trois ans. Le pape François nous invite à «
marcher ensemble » et à contribuer à une
réflexion sur ce qu’est L’Église : sur la
manière de nous rassembler, la manière de
travailler ensemble, sur la question de
l’autorité, du travail en commun, sur la
question de “comment rejoindre le monde ?”
La mission de
l’Église, l’annonce de l’Évangile, exige que
tout le Peuple de Dieu chemine ensemble.
La parole de tous
est donc attendue, unis les uns aux autres, dans
la diversité et l’attention aux plus éloignés.
Concrètement,
chacun sera invité à rejoindre les propositions
de rencontres qui seront faites dans les
ensembles paroissiaux, mouvements et communautés
locales.
A l’écoute de l’Esprit Saint
Vivons cette
démarche comme un temps de grâce, de prière et
de discernement à l ’écoute de l’Esprit Saint,
pour entendre ce que Dieu dit à son Eglise
aujourd’hui, pour elle et pour le monde.
Répondons ainsi à l’appel du pape François :
“l’Esprit Saint a besoin de nous !”
J’invite tous les
responsables de nos confréries à prendre contact
avec l’équipe ressource mise en place dans
chacun des diocèses.
Je laisse le soin
à chaque sœur et frère de faire le choix de
participer aux équipes qui se mettent en place
dans les paroisses ou de mettre en œuvre cette
démarche synodale au sein même de leur
confrérie.
Avec
l’assurance de mon amitié fraternelle,
Frère François Dunan
Grand Maître de la Maintenance
ARCHIVE 2021
:
Au cours de
l’année passée, nos Confréries, avec le précieux
concours de leurs Chapelains, ont su maintenir
une présence réconfortante en période de
confinement et se mobiliser face aux drames liés
à la pandémie comme à la tempête Alex qui a
frappé notre haut pays niçois.
Je forme le
vœu qu’à travers notre Maintenance nous
puissions revivre avec ardeur ce qui nous lie.
« Que la
force me soit donnée de supporter ce qui ne peut
être changé et le courage de changer ce qui peut
l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’un
de l’autre. »
Marc-Aurèle
Cette année
2021 sera notamment marquée par la tenue à
Malaga, fin septembre, du 2ème
Forum
paneuropéen après celui de Lugano. Je
vous livre mes réponses à certaines questions
qui m’ont été posées pour cette occasion.
1)
Pour la première fois à Malaga toutes les
Confréries d’Espagne (les plus importantes en
Europe en termes numériques) participeront au
Forum Paneuropéen : quelle contribution
spécifique pourront-elles apporter à l’expansion
et à la mission des Confréries ?
En France,
malgré un sens avéré de la solennité liturgique,
notre pratique de la Foi est trop souvent
confinée … et ce pas uniquement depuis ces
derniers mois !
Hormis
principalement les Confréries du Velay ou de
Perpignan, force est de constater que nous ne
savons, ou ne voulons, plus « occuper » l’espace
publique, par crainte, par tiédeur, par paresse.
Les
Confréries espagnoles, depuis des siècles,
portent dans tous les sens du terme la Foi des
fidèles durant chaque Semaine Sainte. Quiconque
au sein de l’Eglise universelle s’interroge sur
qui sont les pénitents, a comme première image
celle des processions de Séville, de Malaga …
Cette
visibilité est sans nul doute facilitée par
l’imprégnation encore importante de la foi
chrétienne dans la vie quotidienne en Espagne
comme dans sa pratique à tous les niveaux de la
société, du plus modeste sujet jusqu’au Roi.
Mais pas uniquement !
Nous avons
beaucoup à nous inspirer de cette présence
magistrale.
Mais une
Confrérie de pénitent peut-elle « cantonner »
son action à un temps fort de la vie liturgique,
fut-ce la Semaine Sainte ? Je ne le pense pas.
N’oublions
pas que nos Confréries depuis l’origine
soutiennent la triple dimension de la vie
chrétienne : la fraternité parmi ses membres, la
compassion envers les nécessiteux et la charité
au sens large essence même de notre
appartenance. Elles ont su traverser la crise de
la sécularisation, repenser leur existence tout
en développant un sens inventif de la charité.
Or, cette
pratique de la charité - à l’image de notre
engagement de pénitent - ne saurait souffrir
l’isolement ; elle doit se nourrir constamment
de l’expérience vécue auprès de chacun de nos
confrères. Bien plus, cet engagement ne peut
s’entendre qu’enté à la communauté formée par
notre confrérie d’origine, à celles de notre
diocèse, de notre pays et au-delà … comme à
celle plus riche et diverse constituée de nos
vénérables institutions au sein de l’Eglise
universelle.
Je forme le
vœu que nous puisions dans la richesse des
processions espagnoles pour motiver un sursaut
de nos Confréries de la Maintenance et que les
Confréries espagnoles s’inspirent de notre
organisation pour se fédérer sinon au niveau
national du moins au niveau régional.
2)
Quel est aujourd’hui l’obstacle le plus relevant
au développement des Confréries, comme modèle
d’agrégation des laïcs qui a prouvé son
efficacité au fil des siècles ? Quels sont les
objectifs prioritaires que les Confréries
devraient se fixer spécifiquement dans ce moment
historique ?
L’individualisme exacerbé par les nouveaux modes
de communication et le relativisme ambiant sont
les obstacles majeurs au développement de nos
Confréries et au recrutement.
Nous avons
besoin d’hommes et de femmes, chrétiens
convaincus, engagés dans la vie civile,
économique, politique, qui soient des exemples.
Des Fidèles qui, à l’invitation du Saint-Père,
s’emploient quotidiennement à devenir de
« sincères et généreux ouvriers de l’Evangile ».
Une grande
amitié et une grande fraternité doit régner au
sein de nos confréries. Si cette fraternité est
vécue en profondeur, elle se verra et elle
rayonnera.
Bien évidemment
rien ne peut être entrepris sans le soutien du
clergé local et de l’Evêque du diocèse, soutien
qui peut s’obtenir par l’engagement des
confrères et consœurs au sein des diverses
structures à vocation diocésaine et nationale.
La veille de la
journée des confraternités et de la piété
populaire qui s’est tenue à Rome le 5 mai 2013,
Monseigneur Jean
Laffitte
nous exhortait dans les termes suivants :
… Le
développement des communications sociales, les
forums sociaux, la diffusion des nouvelles en
temps réel, sans limite d’espace ou de temps,
ont contribué au développement d’une culture
individualiste, consumériste et virtuelle, d’où
est souvent absente l’expérience concrète de la
proximité.
Cet état
de fait rend aujourd’hui particulièrement
nécessaire l’éclosion d’espaces de fraternité et
d’engagements réels dans des familles
spirituelles à forte personnalité et présentant
un ancrage profond et concret dans la société,
spécialement au plan local. C’est vrai pour la
transmission de la foi comme pour les actions de
solidarité. Cela explique aussi que les
archiconfréries aient été rejointes depuis un
demi-siècle par de nombreuses communautés,
mouvements et familles spirituelles de toutes
sortes. En d’autres termes, le phénomène de
la globalisation conduit aujourd’hui les
confréries à redonner une identité aux baptisés
ainsi qu’une personnalité concrète à leurs
engagements chrétiens de solidarité.
C’est
ainsi qu’elles se trouvent confrontées à un
double défi : éviter de se cantonner à une
appartenance formelle qui serait purement
extérieure ou folklorique ; redécouvrir leur
force antique qui a tant contribué au cours des
siècles à diffuser le témoignage authentique de
la vie chrétienne. C’est en étant profondément
elles-mêmes qu’elles peuvent évangéliser de
façon nouvelle, au sens où l’Eglise l’entend :
par les œuvres faites spécifiquement au nom du
Christ, et par la dimension fraternelle de
l’existence chrétienne. Quand un baptisé désire
entrer dans une confrérie, c’est qu’il est mû
par deux désirs qui se complètent : se retrouver
avec des frères au sein d’une même famille
(fraternité) ; exprimer sa foi par des actions
précises clairement identifiées et liées au
charisme de la confrérie (engagement de charité
active). Cette double dimension est l’exacte
définition de l’Evangélisation qui est à la fois
un témoignage de l’amour fraternel et un
engagement de foi qui s’exprime par des œuvres.
Il y a
donc aujourd’hui une opportunité particulière
pour les confréries qui peuvent redonner
consistance à toutes leurs activités. Aux deux
dimensions déjà indiquées, communion fraternelle
et charité active, il convient d’ajouter
bien-sûr la participation à la beauté liturgique
du culte chrétien. Les confréries, en effet, par
le sens de la solennité liturgique et de tout ce
qui favorise la beauté du culte rendu à Dieu,
donnent clairement le témoignage que toutes
leurs actions sont accomplies au nom du
Christ-Seigneur.
3)
Les Confréries ont été appelées à participer
activement à la Nouvelle Evangélisation de la
société Européenne. Quels sont les instruments à
utiliser pour aboutir à cet objectif notamment
religieux ?
En tout premier
lieu, nos Confréries doivent exalter les racines
chrétiennes de l’Europe … à rebours certes de la
doxa politique ambiante !
S’agissant plus
particulièrement de cet appel à la Nouvelle
Evangélisation, reconnaissons que
l’évangélisation est l’affaire de tous et non
celle de quelques spécialistes. Chacun, dans son
for intérieur, au travers de sa communauté
formée en Confrérie comme en paroisse, est
appelé à la Mission.
Mais comment en
tant que mouvement d’église nous mettre au
service de cette évangélisation ?
Si nos sociétés
ont connu une culture chrétienne forte dans le
passé, dont témoigne l’ancienneté multi
séculaire de nos Confréries, il faut bien
constater une déchristianisation qui prend la
forme d’un oubli de l’héritage chrétien et de la
perte des repères fondamentaux aux plans
éthiques et anthropologiques.
Dans ce
contexte précis, nos confréries peuvent jouer un
rôle fondamental en raison de leur visibilité
dans la société et de leur fonction de gardien
d’une mémoire chrétienne bien incarnée.
Il est dans la
nature d’une Confrérie d’annoncer l’Evangile et
d’accompagner son annonce par les œuvres : un
exercice de la vie chrétienne qui ne délaisse
pas la prière sous le prétexte des œuvres à
accomplir et qui ne néglige pas le service des
frères au motif des engagements dévotionnels.
Une confrérie
qui oublierait son appel en ce sens deviendrait
peu à peu une coquille vide.
Nos confréries
transmettent une culture en même temps qu’un
lieu de vie fraternelle. En ce sens, la valeur
de la fraternité vécue et de l’aide mutuelle
leur donne une physionomie qui évoque en plus
large l’institution familiale si maltraitée de
nos jours. Il y a un mode familial de vivre la
fraternité dans une confrérie comme dans toute
communauté chrétienne digne de ce nom.
Dans la joie
de nous retrouver à Limoges en mai prochain,
Sursum
corda !
Frère François Dunan
Grand Maître de la Maintenance
ARCHIVE 2019
:
Lors de notre dernière Maintenance, j’ai rendu hommage à
Mgr Bernard Barsi, notre Aumônier Général honoraire, pour son
accompagnement spirituel durant ces quatorze dernières
années, en ces termes :
Monseigneur,
Ce verset tiré de l’Evangile de Jésus-Christ selon
Saint-Jean (Jean, 10, 11-18) du 4ème dimanche
de Pâques : « Moi, je suis le bon pasteur ; je connais
mes brebis et mes brebis me connaissent » ou plus
littéralement : « Moi, je suis le bon pasteur ; j’aime
mes brebis et mes brebis m’aiment », résume à lui seul
notre sentiment, notre affection à votre égard après ces
quatorze années passées en votre qualité d’Aumônier
Général de notre Maintenance des Pénitents de France et
de Monaco.
Loin de moi la prétention de vous asséner un cours ex
cathedra, mais intéressons-nous à vous en votre
qualité de bon pasteur.
Un bon pasteur, c’est un prêtre qui guide, qui a le
courage d’indiquer, à la lumière de la foi, le chemin à
parcourir. « Il sait dire la vérité avec amour. Un bon
pasteur est un ami de la vie. Il doit ouvrir aux autres
les sources de la vie éternelle ».
Vous avez toujours eu à cœur de placer votre fonction et
notre engagement de pénitent dans les pas du Christ et à
la lumière des Evangiles.
Alors que la plupart de nos diocèses pâtissent d’un manque cruel
de vocations, quand des paroisses (au sens où nous l’entendons
désormais) ne sont plus parfois desservies que par un seul
prêtre, avons-nous conscience de la grâce que constitue pour nos
confréries la présence d’un chapelain ?
Je crains, Monseigneur, que malgré toute votre insistance nous
ne sollicitions pas suffisamment leur concours pour notre
nécessaire formation spirituelle, sans laquelle et malgré toute
l’ardeur déployée par ailleurs, nous ne deviendrons jamais ces
« généreux et sincères ouvriers de l’Evangile » ?
Un bon pasteur, c’est un prêtre qui veille, qui est attentif,
prévient des dangers ; un bon pasteur ne se pait pas lui-même,
n’utilise pas son ministère à son profit ; un bon pasteur
connaît ses brebis.
Je salue votre souci permanent de maintenir l’unité dans nos
confréries, entre elles comme vis-à-vis des autorités
épiscopales.
Vous n’avez eu de cesse de « maintenir » !
Maintenance, quel bien beau mot. Comme nous le rappelait
notre confrère Hervé Barelli lors de la dernière
Maintenance de Nice : Maintenir, dans le calme comme
dans la tempête de l’histoire et de l’actualité, c’est
une belle tâche, souvent difficile, parfois plus
difficile même que de créer. Maintenir, c’est une
affaire de patience, de solidité, de conviction, malgré
le découragement, la lassitude, parfois l’hostilité.
Maintenir, c’est agir à l’échelle de l’histoire, une
échelle qui nous dépasse et nous oblige à nous dépasser,
à penser au-delà de nous-mêmes, comme la doctrine
chrétienne enseigne à aimer plus que soi-même.
Un
bon pasteur, avec toutes ses années de sacerdoce, vous
concernant de Saint Etienne de Tinée, à Nice puis en
Principauté de Monaco, c’est un prêtre qui a réussi à se
forger « un cœur de pasteur » imprégné de « charité
pastorale ».
Grâce soit rendue
à vous, très cher Aumônier Général honoraire, pour votre
accompagnement spirituel, pour votre écoute vigilante et
pour votre tendresse paternelle déployée à l’endroit de
chacun de nous.
Il nous faut désormais mériter votre successeur … et lui
nous supporter !
Peut-être y arriverons-nous, en méditant, en faisant
notre ces trois invitations de notre Saint Père dans son
homélie prononcée à l’occasion de la mémorable Journée
des confraternités et de la piété populaire, qui s’est
tenue à Rome le 5 mai 2013 :
-1 : Etre conforme à l’Evangile : ne nous contentons pas
d’une vie chrétienne médiocre, soyons des « foyers de
sainteté »,
-2 : L’ecclésialité : soyons des pierres vivantes, des
poumons de foi et de vie chrétienne,
-3 :
Etre missionnaire : soyons de véritables évangélisateurs
via nos initiatives « ponts et chemins » menant au
Christ.
Vaste chantier !
Votre prière nous sera précieuse. …
En témoignage de
toute notre reconnaissance, j’ai souhaité qu’un
cadeau commun soit remis à notre Aumônier
Général honoraire et je remercie chaleureusement
tous ceux qui y ont contribué.
Le
choix de Mgr Bernard
Barsi
s’est finalement porté sur une sculpture
originale de Jean-Pierre
Augier
(https://www.jean-pierre-augier.com)
en cours de conception … une procession de
pénitents. Sitôt l’œuvre réalisée, je vous en
informerai.
Avec l’assurance
de mon amitié fraternelle,
Frère François Dunan
Grand Maître de la Maintenance
Archive 2017
Pénitents, engageons-nous !
En cette année électorale cruciale pour l’avenir
de notre Pays, mais pas seulement, nous avons
l’impérieux devoir d’agir et de nous faire
entendre, faute de quoi quelle serait la
fécondité de notre vie de baptisé ? de notre
engagement de pénitent ?
La foi donne du sens à
l’ambition : servir, œuvrer à transformer le
monde, faire grandir ceux qui nous sont confiés
… être dans le monde dans une grave allégresse.
Sous forme d’appel, j’ai repris le titre de
l’excellent ouvrage du Père Pierre-Hervé
Grosjean
,
dont je vous livre un extrait (p.
111 & 112)
qui résume parfaitement le sens de notre
engagement :
Il faut une vraie générosité pour s'engager tout
en acceptant de ne pas voir tous les fruits de
cet engagement de son vivant, en le faisant «
pour les générations à venir » ! Il faut savoir
encaisser les déceptions, les échecs ponctuels,
les batailles perdues, la lenteur des progrès,
la fragilité des victoires et se montrer tout
simplement persévérant, sans jamais renoncer à
l'idéal. C'est la différence entre compromis
(nécessaire) et compromission (impossible).
Croyez-vous vraiment dans les idées que vous
portez? Si oui, alors vous savez comme Dietrich
Bonhoeffer
qu'au bout du compte
«La victoire est certaine »
! C’est cela qui vous fera accepter de prendre
un chemin escarpé, sinueux, qu'on ne peut gravir
en quelques jours seulement, ni même quelques
années. Nos engagements ressemblent souvent à ce
chemin sinueux. Mais chaque pas compte. Vous
accepterez aussi qu'il faille du temps pour
convaincre les personnes, éclairer les
consciences, éduquer les intelligences et
fortifier les volontés. Sans jamais renoncer au
bien final à viser, vous accepterez de
travailler et d'accompagner ceux qu'il reste à
convaincre. Auprès d'eux, vous témoignerez peu à
peu d'un autre regard possible sur le monde, sur
la vie et sur le bien. La culture de vie, du
vrai, du beau et du bien, se diffusera par vous,
à travers vous, partout où vous êtes. Voilà
pourquoi il faut que les chrétiens investissent
tous les lieux de réflexion, de décision et de
transmission. Même s'ils s'y sentent en
«territoire hostile» ou s'ils s'y retrouvent
bien minoritaires. Qu'importe : c'est là où se
trouve un chrétien engagé que se diffuse peu à
peu l'Evangile.
Frère François
Dunan
Grand Maître de la Maintenance
Archive 2016 :
Message
de François DUNAN
En cette Année Sainte placée par
le Pape François sous le signe de la Miséricorde, rappelons ce
que nous sommes depuis bientôt huit siècles.
Depuis l’origine, nos aïeux en
s’agrégeant en Confrérie de pénitents décidèrent de graver dans
le coeur même de leur foi d’ardentes actions de charité,
lesquelles consistaient à s’occuper du soulagement des pauvres
dans l’exercice, comme nous le rappelle notre Aumônier Général,
de toutes les oeuvres de miséricorde corporelles.
C’est ainsi que, comme le rappelle M. Luc THEVENON
dans
son ouvrage collectif « Pénitents des Alpes Maritime »[1], les
Pénitents ont joué un rôle prépondérant de société de secours
mutuel et d’assistance, à une époque où n’existait pas de
sécurité sociale, par :
§ L’accueil du voyageur égaré
comme du pèlerin démuni.
§ Le réconfort aux indigents en
distribuant vivres et vêtements.
§ La gestion d’hôpitaux et
d’asiles (les Pénitents Blancs de Nice ont fait édifier depuis
lors à l’emplacement de leur ancienne clinique différents
bâtiments dont des logements sociaux, une crèche et un centre de
soins palliatifs).
§ La gestion de monts de piété
gratuits, ancêtre des certains crédits municipaux actuels, dont
le but était de venir au secours des familles nécessiteuses dans
le souci de combattre l’usure toujours menaçante.
§ La gestion, principalement dans
les villages, de monts-granatiques ou frumentaires capables de
prêter les grains nécessaires aux paysans victimes d’un
sinistre, le remboursement s’effectuant l’année suivante lors de
la récolte moyennant un intérêt nul ou dérisoire.
§ Le service gratuit des
enterrements, rôle important par la fonction mais aussi par
l’appareil ostentatoire déployé et les cantiques chantés … mais
également la charge de pourvoir une sépulture chrétienne aux
victimes d’épidémies ; charge relevée depuis lors sous la forme
du Service Catholique des Funérailles auquel participent
désormais de très nombreuses confréries.
§ L’assistance des condamnés à
mort, les exhortant et les accompagnant au lieu de leur supplice
; certaines Archiconfréries de la Miséricorde ayant le rare
privilège de pouvoir sauver un condamné à mort ou aux travaux
forcés une fois l’an, le 29 août jour de la Décollation de Saint
Jean-Baptiste.
L’exercice de toutes ces œuvres
se faisait par l’action commune, d’une manière réglementée et
administrative dans des lieux propres (hôpitaux, monts de piété,
…) ou le plus souvent dans des locaux adjacents à nos chapelles.
Pour ce faire, nos Confréries
possédaient d’importantes ressources provenant de libéralités
léguées, le plus souvent, par d’anciens confrères comme par
d’éminents protecteurs.
Nos Confréries ont ainsi ouvert
la voie que l’assistance publique laïcisée va emprunter et
développer par la suite. Pour s’en tenir à ce seul exemple,
l’actuel Centre Communal d’Action Sociale de la Ville de Nice
s’est substitué au Bureau de Bienfaisance créé en 1861 lors du
rattachement de Nice à la France lequel Bureau de Bienfaisance
avait été constitué par l’ensemble des oeuvres de Miséricorde
gérées par l’Archiconfrérie des Pénitents Noirs de Nice depuis
ses origines.
Qu’en est-il en ce début de 3ème
millénaire ?
Nous savons que nous serons tous
reconnus[2] aux fruits que nous portons[3] ; non pas tant pour
nos manifestations publiques (souvent superbes lors de nos
majestueuses processions), ni pour nos « qualités extérieures »
chrétiennes, mais pour la façon dont le Christ s’est fait chair
dans notre vie.
Puisse dès lors cette année
jubilaire nous aider à devenir « miséricordieux comme le Père »
dans l’ensemble de nos actions de charité comme dans notre
participation à la communauté fraternelle formée par chacune de
nos confréries.
Frère
François DUNAN
Grand Maître de la Maintenance
[1]
Pénitents des Alpes Maritimes chez
SERRE Editeur 2008 réimpression de l’édition de 1981
[2] Evangile selon Saint Luc 6,
43-49
[3] Evangile selon Saint Matthieu
7, 15-20
Archive 2015 :
Notre Maintenance est saisie de demandes
régulières d’admission comme de projets
prometteurs de création ou de renaissance, pour
le bon cheminement desquels j’ai été amené à
préciser les étapes dans le Labarum 2011.
Nous vivons cette « vitalité » à chaque
maintenance annuelle et, depuis quelques années,
l’éprouvons également au niveau international au
gré des rencontres auxquelles nous participons,
la dernière étant la mémorable Journée des
confraternités et de la piété populaire, qui
s’est tenue à Rome le 5 mai 2013 et dont le
point d’orgue fut la Messe présidée par S.S. le
Pape François place Saint-Pierre devant plus de
cinquante mille pénitents.
Rappelons que notre Maintenance, depuis sa
création en 1927, s’est fixé comme but d’établir
des liens de coopération et d’entraide entre les
différentes Confréries de pénitents de France et
de la Principauté de Monaco, dont elle est
reconnue par la Conférence de Evêques comme
l’organe fédératif.
J’ai toujours coutume de définir nos Confréries
de pénitents comme de véritables « Fondations
Pieuses » constituées pour accueillir le don de
Dieu dans leurs œuvres spirituelles mais
également pour que ses membres se mettent au
service des autres, et plus particulièrement des
plus démunis, au moyen de leurs œuvres
matérielles.
Notre Maintenance doit faire montre de la plus
grande vigilance pour maintenir et faire
fructifier ce double patrimoine de piété
et de fraternité chrétienne.
Patrimoine nourri des vertus chrétiennes et des
actes de solidarité charitable de nos pères,
patrimoine dont nous sommes d’humbles
dépositaires mais que nous devons faire
fructifier par nos propres talents, patrimoine
que nous nous devons de transmettre à nos
novices, aux plus jeunes de nos membres mais
également à toutes ces nouvelles Confréries que
nous avons à cœur d’accompagner.
Depuis bientôt quatre-vingt dix ans, notre
Maintenance facilite cette transmission entre et
au profit de ses membres, rôle qui ne consiste
pas seulement à garder « jalousement » des
cendres du passé, pour respectables qu’elles
soient, mais à défendre nos spécificités - les
Confréries de pénitents ne sont-elles pas les
plus anciens exemples de piété populaire au sein
de l’Eglise - comme à soutenir ses membres dans
cette passation aux générations à venir d’une
flamme séculaire, celle de la charité.
Cette œuvre, notre Maintenance l’accomplit
collectivement, à l’instar de celle menée au
sein de chacune de nos Confréries.
Grâce soit rendue à notre Aumônier Général pour
son accompagnement spirituel, son écoute
vigilante et la tendresse paternelle qu’il
déploie à notre endroit, aux membres du Conseil
d’administration qui s’emploient avec efficacité
et générosité à gérer les aspects administratifs
et financiers, à concevoir notre Labarum, à
faire vivre le site internet, à représenter
notre Maintenance dans leur baillage et hors de
nos frontières, principalement en Italie et en
Espagne, comme enfin à conserver nos archives et
collationner la mémoire vive de nos confréries.
Mon propos serait incomplet, sans un appel à
méditer les trois invitations de notre Saint
Père dans son homélie du 5 mai dernier :
1.
Etre conforme à l’Evangile :
ne nous contentons pas d’une vie chrétienne
médiocre, soyons des « foyers de sainteté »,
2.
L’ecclésialité :
soyons des pierres vivantes, des poumons de foi
et de vie chrétienne,
3.
Etre missionnaire :
soyons de véritables évangélisateurs via nos
initiatives « ponts et chemins » menant au
Christ.
Frère François
Dunan
Grand Maître de la Maintenance
Archive 2013 :
Evénement majeur pour l’Eglise universelle,
notre Saint Père
Benoit
XVI, aux termes de sa lettre apostolique
Porta fidei, a annoncé la promulgation
d’une « Année de la foi », commençant le 11
octobre 2012, pour s’achever en la solennité du
Christ-Roi, le dimanche 24 novembre 2013.
En outre, dans ce cadre global, un autre
évènement nous concerne directement.
Comme pré-annoncé lors de notre Maintenance
nationale à Saint-Etienne-de-Tinée le 26 mai
2012, le
Conseil Pontifical pour la Nouvelle
Evangélisation a invité l’ensemble des
Pénitents de la Chrétienté, du 3 au 5 mai 2013,
à se rassembler à Rome pour des Journées
Internationales des Confréries et de la Piété
Populaire. Nous vous avions alors vivement
recommandé de vous mobiliser rapidement, en vue
de participer en nombre à cet événement
tout-à-fait exceptionnel.
Ce rassemblement s’inscrit à l’évidence dans une
perspective de contacts internationaux entre
confréries de pénitents, que nous avions déjà
voulue au travers du F.O.G.C. (Forum Omnium
Gentium Confraternitatum), dont la première
réussite avait été le Premier Chemin
International des Confréries, à Lourdes en avril
2008.
Sur un thème très mobilisateur, « Sur les routes
du monde, témoins de la Foi, les Confréries, en
pèlerinage sur la tombe de Pierre pour une
nouvelle évangélisation », il nous est proposé :
-
Vendredi 3 mai (soirée préparatoire à l’Eglise
Saint Louis des Français) : accueil ;
confessions ;
-
Samedi 4 mai : le matin accueil à St Louis des
Français ; pèlerinage à la tombe de Pierre ;
15h30 : Basilique Saint-Paul : Rencontre
internationale et conférences
18h30 : Basilique Saint-Paul : Messe
internationale
- Dimanche
5 mai : le matin, en route vers la place
Saint-Pierre, puis messe présidée par
le
Saint-Père, et prière du Regina Coeli.
Conscients de la difficulté pour beaucoup de se
déplacer à Rome, une semaine seulement après le
grand rassemblement de notre prochaine
Maintenance en Principauté de Monaco, nous
remercions chaleureusement les quelque 350
pénitents qui ont entendu notre appel, et se
sont mobilisés pour cette célébration majeure.
Ils seront nos représentants à Rome, nos pensées
et nos prières les accompagneront lors de ce
pèlerinage. C’est donc en fait tous ensemble
que, dans la fidélité à nos missions et nos
engagements multi-séculaires, nous vivrons ce
point culminant de l’Année de la Foi, et,
revigorés par la visite à la tombe de Pierre,
nous partirons sur nos routes pour une Nouvelle
Evangélisation.
Frère François
Dunan
grand
Maître
Frère Jean-Paul
Méheut
Cérémoniaire
Frère Xavier-Louis
Maria
en charge des relations avec les Confréries
italiennes & Bailli pour la Catalogne
Archive 2012 :
De tout temps, nos Confréries de pénitents ont
su entretenir une étroite communion avec l’art
sacré, support de leur dévotion ou témoignage de
leurs actions de charité.
En effet, ici comme ailleurs, nous avons parfois
besoin de l’art pour transmettre le message
confié par le Christ (les précieux retables qui
ornent nos autels en témoignent), tout autant
que l’art a besoin de l’Eglise du fait de la
richesse d’inspiration inépuisable que lui
offrent les Ecritures. Ce qu’a écrit Marc
Chagall
demeure profondément vrai, à savoir que pendant
des siècles les peintres ont trempé leur pinceau
dans l’alphabet coloré qu’est la Bible.
En premier lieu, nous vouons un attachement
particulier, pour ne pas dire viscéral, à la
chapelle de notre Confrérie, chapelle qui
rappelons-le est le signe visible de l’autonomie
dont nos Confréries bénéficient vis-à-vis de
l’église paroissiale. Outre certaines attaches
familiales et historiques, outre des liens
d’amitié, outre l’attrait pour une certaine
liturgie, d’une vie communautaire et d’une
spiritualité plus ou moins fournie, outre la
spécificité des missions caritatives de chacune,
la « séduction » qu’exerce sur chacun de nous
« notre » chapelle et ce dont elle est l’écrin
joue un rôle primordial dans notre engagement.
Toutefois, gardons à l’esprit qu’à ce simple
édifice de pierres répond un autre édifice,
d’une dimension toute spirituelle, bâti autour
d’une pierre angulaire qu’est le Christ, au sein
duquel chaque pénitent est appelé
quotidiennement à entrer comme pierre vivante.
C’est l’union de toutes ces pierres vives,
taillées dans le souci d’une profonde charité,
unies par le ciment d’une réelle confraternité,
qui forme cet édifice si attachant à
l’édification duquel chaque pénitent travaille
inlassablement.
Propriétaires également de trésors inestimables
(retables, mobiliers et vêtements liturgiques),
nos confréries s’emploient à les faire
découvrir, développant ainsi une nouvelle et
nécessaire vocation culturelle.
L’usage régulier, lors de nos célébrations
liturgiques et processions, de ce patrimoine
hors du commun que constituent notamment nos
croix et bâtons de procession, nos vénérables
masses - chef-d’œuvre d’orfèvrerie - ou nos
bannières comme la mise en valeur des retables
peints ou sculptés commandés par nos aïeux aux
plus grands artistes de leur époque, participe à
cette nécessaire continuité soulignée par
l’académicien Jean
Clair :
les objets présents dans nos musées,
dont prés de 70% ressortissent à la religion,
n’existent pas en dehors du contexte religieux,
scientifique, historique qui les a vu naître et
qu’il faut restituer. Sans cette concaténation,
l’œuvre n’est plus qu’une dépouille vide et
inanimée, pur objet de divertissement.
Les remiser dans nos sacristies serait oublier,
comme nous le rappelle régulièrement notre Saint
Père
Benoit XVI déclamant son amour pour l’art
que celui-ci « est un trésor de catéchisme
inépuisable, incroyable. Pour nous c’est aussi
un devoir de le connaître et de bien le
comprendre ». Or, la désacralisation
ambiante de ces dernières décennies nous a
transformé en êtres souvent incapables de
s’émerveiller et de se réjouir : émerveillement
et joie qui dépendent de la présence du sacré.
Aussi, dépositaires d’un patrimoine d’une grande
richesse, devons-nous entretenir et montrer
toutes ces œuvres d’art sacré qui, rappelons-le,
sont nées de la foi et qui expriment la foi.
Notre objectif dès lors, modeste dans ses
moyens mais ambitieux dans ses fins et dans son
souci de rayonnement, est d’offrir à tout fidèle
comme à tout visiteur quelques moments de grâce
et, espérons le, quelques clés de cette fonction
pédagogique - voire catéchétique - le tout pour
accéder à la beauté, mais pas n’importe
laquelle, pour accéder à la beauté qui sauve.
Frère
François Dunan
Grand
Maître de la Maintenance
Archive 2011 :
La vitalité de nos Confréries de Pénitents
s’apprécie tant à la lumière des missions
qu’elles poursuivent qu’à celle des vocations
qu’elles suscitent, notamment lors de la
création des Pénitents Noirs de
Toulon
en 2007, comme lors de la renaissance des
Pénitents Blancs de Saorge
en 2009 ou ceux de
Tence
en 2010.
Si
l’on doit s’en féliciter et vivement encourager
un tel renouveau, il demeure nécessaire de
rappeler les fondamentaux propres à une telle
démarche et le rôle d’accompagnement fraternel
de notre Maintenance.
Rappelons que nos confréries de Pénitents sont
avant tout des mouvements d’Eglise, exemple
multiséculaire de l’engagement des laïcs
soucieux de conjuguer une démarche
d’approfondissement de leur foi au sein d’une
confraternité humaine et la poursuite d’actions
de charité. Par ailleurs, parce qu’elles
comptent parmi les acteurs majeurs de l’histoire
passée comme contemporaine de leurs cités, nos
confréries s’emploient à préserver bien des
richesses architecturales et intellectuelles.
Enfin, certaines revêtent le statut canonique
« d’association privée de fidèles ».
Reste que nos fraternités constituées pour
accueillir le don de Dieu dans des œuvres
spirituelles, le sont également pour nous mettre
au service des plus démunis au moyen de nos
œuvres matérielles. Tout pénitent doit avoir
constamment à cœur de lier ces deux actions :
dévotion et vie caritative, en d’autres termes
de se nourrir d’une vie communautaire ouverte
sur le monde et vigilante mais également
d’éprouver et de vivifier sa foi dans l’action
et la prière. Un tel engagement exige de chacun
qu’il s’y donne pleinement.
Convenons qu’une telle exigence et le souci de
maintenir une sereine vitalité ecclésiale,
nécessitent que soient rappelées les étapes
nécessaires lors de tout projet de création ou
de renaissance :
-
En tout premier lieu, l’initiative doit
venir d’un groupe de laïcs engagés et d’eux
seuls ;
-
Puis, il convient de s’assurer des buts
poursuivis et de leur adéquation à nos
particularismes – les confréries de
pénitents loin s’en faut n’ayant aucune
exclusive tant en matière de dévotion que
d’actions caritatives !
-
Lors d’une création, selon le charisme
souhaité, choisir sous quel vocable se
placer ;
-
En présence d’une chapelle existante,
s’enquérir de sa propriété comme de sa
disponibilité ;
-
Puis, il importe de recueillir l’accord
formel de l’Evêque du diocèse, lequel pourra
légitimement se rapprocher de notre Aumônier
Général ; la demande doit être présentée par
le Curé de la paroisse mettant en évidence
la plus-value apportée dans sa paroisse, et
en divers domaines, par la constitution en
confrérie du groupe de paroissiens
demandeurs ;
-
Identifier les futurs pénitents, puis mener,
sous la houlette fraternelle d’une confrérie
existante et du Bailli, un cycle de
formation d’au moins un an
en liaison avec le curé de la paroisse (ou
le futur aumônier, s'il devait être
différent), sous l'autorité et les
directives de l’Evêque ; prémisses des
futures et nécessaires périodes de
noviciat ;
-
Solliciter son adhésion à la Maintenance
auprès du Conseil d’administration, laquelle
ne saurait intervenir sans l’accord formel
préalable délivré par l’Evêque du diocèse ;
-
Pour enfin envisager, idéalement en
partenariat avec les pouvoirs publics, la
célébration des festivités tant attendues.
C’est dans le strict respect de ces règles que
nous maintiendrons notre vocation à être de
« sincères et généreux ouvriers de l’Evangile ».
Frère François
Dunan
ARCHIVE 2008 :
Avant la Maintenance de LOURDES
A
l’initiative de nos confrères italiens, nous
sommes appelés à nous réunir tout prochainement
lors du PREMIER
Chemin
International des Confréries qui se
tiendra à Lourdes en ce 150ème
anniversaire des apparitions.
Notre vie au sein de
chacune de nos confréries, pas plus que notre
pratique de la charité, ne sauraient souffrir
l’isolement ; elles doivent se nourrir
constamment de l’expérience vécue auprès de
chacun de nos confrères. Bien plus, notre
engagement de pénitent ne peut s’entendre
qu’enté à la communauté formée par notre
confrérie d’origine, comme à celle plus riche et
diverse constituée de nos vénérables
institutions au sein de l’Eglise universelle.
En outre,
notre Saint Père Benoît XVI reconnaît nos
confraternités comme « des écoles populaires
de foi vécue et des creusets de sainteté ; elles
pourront continuer à être dans la société «
ferment » et « levain » évangélique et
contribuer à susciter ce réveil spirituel que
nous souhaitons tous »,
nous invitant dès lors à poursuivre notre
mission de « sincères et généreux ouvriers de
l’Évangile ».
Aussi, par notre présence
débordante à Lourdes du 4 au 6 avril prochain,
sachons répondre à cette nécessité de partage
comme à l’invitation de notre Pasteur.
Que soit salué le travail exceptionnel accompli
par deux de nos Confrères italiens Giacomo
Cerruti
& Valerio
Odoardo, ardents initiateurs de cette
rencontre. Depuis plus de deux ans, animés d’une
foi inébranlable, ils sillonnent l’Europe et
assurent un lien précieux entre la Secrétairerie
d’Etat, le Sanctuaire de Lourdes, l’Hospitalité,
nos Maintenance et Confederazione Nationale.
Au niveau de notre Maintenance, nos Confrères Xavier-Louis
Maria
et Jean-Paul
Méheut
se sont dépensés sans compter depuis l’origine
pour organiser, structurer, négocier avec doigté
notre rencontre de Lourdes, jonglant avec une
facilité confondante entre le français,
l’italien, le catalan … jusqu’au latin.
Notre plus chaleureuse reconnaissance à tous
leur est acquise, assurés du succès de ce
premier Chemin International, étape importante
vers de plus amples et régulières réunions
fraternelles.
Frère
François
Dunan
ARCHIVE 2007 : Lors de la Maintenance
2006, organisée avec
passion par nos confrères de Valréas dans leur enclos des Papes,
le conseil d’administration nouvellement installé m’a confié la
charge de Grand Maître.
Je vous renouvelle mes plus chaleureux remerciements pour
la confiance que vous me témoignez et vous assure de mon complet
dévouement dans l’exercice de cette charge. Avant tout, je souhaite rendre un vibrant et affectueux
hommage à mes deux prédécesseurs : le regretté
Comte de
Saint Priest d’Urgel et le
Professeur Georges SOUVILLE,
sans l’indéfectible dévouement desquels notre Maintenance
comme, d’une certaine manière nos propres confréries, ne
seraient pas devenues ce qu’elles sont : des promoteurs actifs
et écoutés de la « civilisation de l’Amour ».
N’entendant pas sacrifier à l’actualité qui impose de
délivrer un programme, je préfère, au gré de quelques paraboles
évangéliques, vous livrer une réflexion personnelle imagée sur
ce à quoi nous devons tendre, un programme de vie en quelque
sorte, au sein de nos confréries comme en dehors :
Si « chaque
arbre se reconnaît à son fruit » [1]
qu’en est-il de l’essence même de notre engagement de pénitent ?
En d’autres termes, remplissons-nous suffisamment nos existences
d’actes de charité et de générosité ?
« Être une
lampe sur le lampadaire, et non sous le boisseau »
[2] : voilà une forme
étonnante d’évangélisation à laquelle nous autres pénitents
sommes appelés, au cœur du monde et à la tête de taches
matérielles des plus variées !
« Porter de
beaux fruits » [3] : parce que
la plénitude de notre cœur transparaît dans nos actes, nous
avons le devoir de servir là où nous nous sentons appelés.
Sachons ne pas oublier le sens comme la particularité de notre
appartenance ; sachons l’éprouver à l’aune d’une formation
régulière, d’actions de charité inventives et d’un souci
permanent de confraternité. A la mesure de la sincérité de notre engagement
doivent être l’amour et la joie de servir (Bienheureuse Teresa
de Calcutta).
Frère François
Dunan
[1]
Évangile selon Saint Luc 6, 43-49
[2]
Évangile selon Saint Marc 4, 21-25
[3]
Évangile selon Saint Matthieu 7, 15-20
|