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LES ORIGINES DE LA MAINTENANCE DES CONFRERIES
DE PENITENTS « Profitons de tout ce que les âges écoulés
nous ont transmis et faisons-en bénéficier notre
temps » Nous ne connaissons pas d’écrits relatant la création
de cette Maintenance pour laquelle nous fêtons ces jours
ci le 75ème anniversaire d’existence.
Cet événement mérite que nous nous y arrêtions quelques instants pour rappeler dans quel contexte cette naissance eut lieu.
Fédération des Confréries de Pénitents
du Midi
C’est sur la proposition de Joseph AMIC, alors Premier Maître des Pénitents Gris d’Avignon, qu’une commission composée de Prieurs ou Premiers Maîtres d’autres Confréries voisines, venus spécialement pour ces fêtes, a enfin créé cette Fédération sous la bienveillante attention de Monseigneur de Llobet, Archevêque d’Avignon. La présidence de cette Fédération fut immédiatement confiée à Pierre ROUSSEL, Prieur de la Confrérie des Pénitents Blancs de Montpellier en reconnaissance pour Frédéric MISTRAL. Dès 1927, la Fédération publia un bulletin de liaison annuel, ciment entre les Confréries, et très marqué par le fédéralisme mistralien. L’intitulé de ce bulletin, reprenant le titre du livre de Marc de Vissac, s’appelait « L’ARC EN CIEL DES CONFRERIES ». Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, ce bulletin prit le nom de « LABARUM », titre qui est encore utilisé de nos jours et dans lequel sont relatés les grands évènements rencontrés par chaque Confrérie au cours de l’année écoulée. La volonté de la naissance de cette fondation existait
antérieurement à 1926. Une des plus célèbre fut le Congrès de Pomérols (Hérault) en 1911 ; assemblée qui s’était tenue à l’occasion de la rentrée triomphale du Cardinal de Cabrières à son retour de Rome. Le Pape Pie X venait de lui remettre ce chapeau de cardinal, tant attendu par les fidèles pour les qualités de leur prélat. En effet le Pape Léon XIII avait souhaité, plusieurs années auparavant, l’élever à cette distinction, mais les idées politiques de Monseigneur de Cabrières et la situation en France risquait d’envenimer inutilement les relations avec le Saint Siège par ce choix. Aussi , notre Cardinal avait il l’habitude de répondre avec humour à chaque interrogation sur ce sujet : « Je suis trop blanc pour devenir rouge ». En 1913 le Pèlerinage constantinien des Pénitents
du Midi à Saint Trophime d’Arles rassembla Monseigneur
Bonnefoy, Archevêque d’AIX, le Cardinal de Cabrières,
membre de la Confrérie des Pénitents Blancs de
Montpellier, et Frédéric Mistral, lui même
Prieur Honoraire de cette même Confrérie. Notre Maintenance actuelle se trouve ainsi héritière du fédéralisme mistralien et de la sagesse du Cardinal de Cabrières. Cette sagesse se retrouve tout au long de l’histoire de
la Maintenance par les recommandations qui ont été édictées
dès l’origine de sa création, par les prieurs
et premiers maîtres de l’époque, et résumées
dans les extraits suivants : Ce sont en effet des « Fondations Pieuses » que les chapelles qu’elles possèdent et dont elles assument la charge de conserver, d’administrer et d’embellir. « Fondations Pieuses » pour le culte qu’elles y célèbrent, les dévotions particulières qui s’y rattachent, les réunions pieuses qui s’y tiennent, les fêtes et processions rituelles organisées pour de mémorables anniversaires, les manifestations religieuses traditionnelles parfois si touchantes et si particulièrement édifiantes qui se sont fidèlement perpétuées à travers les siècles. « Fondations Pieuses » encore pour les avantages spirituels et les Indulgences nombreuses dont toutes les Confréries sont dotées par les Évêques ou les Souverains pontifes. « Fondations Pieuses » enfin pour les obligations funéraires que certaines Confréries assument encore, et les devoirs qui animent statutairement chaque confrère. Cette sagesse, toute inspirée, anime toujours les assemblées
des Confréries réunies annuellement au cours de
ces Maintenances. « Nous pensons qu’on ferait sagement en maintenant les coutumes et les usages des Associations de Pénitents, si on leur rappelait leurs pieuses origines, et si on leurs offrait un but de charité ou de zèle, plus en rapport avec les temps où nous vivons. Pourquoi ces Associations ne se rajeunissaient-elles pas en se donnant et en donnant à ceux qui les composent un but plus voisin des conditions de la vie contemporaine ? Une vieille romance, entendue dans notre jeunesse, faisait chanter cette phrase un peu naïve : « Ne pouvant rien créer, il ne faut rien détruire ». Prenons cet axiome pour une vérité et disons bien haut que, dans les choses de Dieu, s’il y a des évolutions extérieures qu’il faut tolérer ou même accepter, il y a aussi un fond qu’il faut savoir toujours respecter, utiliser et appliquer. Les hommes ne changent qu’en apparence ; ils sont au-dedans ce qu’ont été leurs plus lointains devanciers, ce que seront leurs arrière-neveux. Dès lors, profitons de tout ce que les âges écoulés nous ont transmis et faisons en bénéficier notre temps ».
Une telle présence du cardinal dans l’histoire de la fondation de la Maintenance nous permet de rappeler les devises qui accompagnaient ses armes, devises qui pourraient s’inscrire en tête du Labarum, la revue actuelle de la Maintenance : « Non humore terrae vignebit » : ce n’est pas l’humidité du sol qui lui donnera sa vigueur et « Nihil nisi divinum timere » : ne rien craindre sinon ce qui est de Dieu. A la suite de ces quelques lignes qui ont retracé les débuts de cette Fédération et du texte fondateur tenu par le cardinal que nous venons de lire, il restera aux historiens le soin d’écrire l’histoire de cette Maintenance des Confréries de Pénitents, histoire qui n’a pas été écrite encore à ce jour.
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