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Le 20 JUIN 1926 La 1ère Maintenance et naissance du Labarum Ce fut un épilogue bien inattendu que la procession jubilaire de la Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Gris d’Avignon pour ses sept siècles d’existence. En effet, ce jour là vit naître la première Maintenance des Confrérie de Pénitents. De plus, à notre connaissance, il n’y a pas eu de relation imprimée de cette Procession Jubilaire qui fut à l’origine de la création de la Fédération des Confréries de Pénitents du Midi, Maintenance et Frairie Générale des Pénitents de Langue d’Oc. La création de cette fédération avait été souhaitée par le Cardinal de Cabrières, Archevêque de Montpellier, inspiré par F. Mistral lui-même. Nous possédons plusieurs documents photographiques de cette première Maintenance qu’il nous semble important de proposer aux lecteurs actuels et de rappeler le contexte dans lequel elle se déroula. On sait l’origine de ces Processions Jubilaires. Elles remontent à la fondation même de notre Confrérie. Lorsqu’en 1226, le roi Louis VIII, attiré par la guerre contre les Albigeois, fut entré de force dans Avignon, son premier soin fut de célébrer sa victoire par un hommage public de foi et de réparation au Saint Sacrement outragé. En effet, l’hérésie albigeoise consistait à nier la Présence Réelle dans l’Eucharistie. Le 14 septembre de cette année, Fête de l’Exaltation Sainte Croix, Avignon vit se former une procession extraordinaire, le roi y assistant, tête nue, revêtu d’un sac de couleur terre, ceint d’une corde et un flambeau à la main. Toute la cour suivait avec une foule innombrable. Le Saint Sacrement fut porté par Nicolas de Corbie, évêque de la ville, jusqu’à la chapelle de la Sainte Croix, située hors les murs de la ville. L’exemple donné par le roi entraîna des imitateurs donnant naissance à la Dévote et Royale Compagnie des Pénitents Gris. Cette procession, renouvelée en grande pompe tous les 25 ans jusqu’à nos jours, fut chaque fois l’occasion de publier ces grands moments de dévotion attachés à notre ville. La Procession des Pénitents Gris était chose unique. De nombreux témoignages font état de ces splendeurs de la piété avignonnaise. La dernière procession autorisée dans la ville fut celle de 1876. L’intolérance du régime politique empêcha ces splendeurs de se répéter publiquement. Les chrétiens devaient ainsi donner des limites privées à leur dévotion et à ces processions. En 1901, personne n’avait osé organiser une procession. En 1926, on décida de faire l’impossible pour retrouver les fastes d’antan et honorer Dieu par le Saint Sacrement. M. de Guillermier, Maître sortant et M. Amic, 1er Maître en place, préparèrent avec enthousiasme cette manifestation. Ce fut au collège Saint Joseph que revint l’honneur de collaborer étroitement au triomphe de la chapelle mitoyenne. Il lui prêta ses cours, ses corridors, tout ce qu’il avait de terrain pour le déroulement le plus digne possible de cette procession. Vers deux heures de l’après-midi, par une brèche aménagée dans le mur de clôture, le cortège se développa de la Chapelle des Pénitents dans la cour de la Présentation, de là, dans la cour intérieure, puis dans la grande cour divisée à cette époque en trois parties, et après avoir stationné devant deux reposoirs, aboutit par une nouvelle brèche au reposoir monumental édifié sur le terrain de l’Archevêché, emplacement actuel du bâtiment des secondes. « En tête, précédés par un groupe de boys scouts catholiques , de tambours et de clairons, marchaient les maîtres de la confrérie des Pénitents gris, MM. Joseph Amic, de Guilhermier, Paul Roux, de Conchy, Maurice du Laurens, et leurs confrères entourant leur grande bannière à fond bleu et grande croix blanche, parsemée de fleurs de lys d’or. Chacun portait un cierge orné d’un écusson aux armes de la confrérie. Venaient sensuite les représentants des autres confréries : les Pénitents blancs d’Avignon et leurs dignitaires, MM. De félix, Honoré Vernet, Bruneau, J.B.Couderc; les Pénitents noirs en tête desquels marchait M.F.d’Oléon et ses collègues ; la bannière du miracle de 1433 escortée de MM. Pontal et de la Forest-Divonne ; la splendide bannière de Sainte Foy de Montpellier escortée par Pierre Roussel et élu ce même jour Grand Maître de la Maintenance, de riches bandes brochées ou brodées d’or et de fleurs ; un magnifique brûle-parfum de mazan ; les masses des Pénitents blancs portant à leur sommet les attribut de la Passion, le Sacré Chœur entre deux pénitents adoratuers ; la bannière des Pénitents blancs datant de 1527 ; le magnifique autel portatif des Vignerons, avec, au centre le calice surmonté de l’hostie ; la bannière de Notre dame du Bon Confort ; celle des Saint Genaire, les coureurs de St Gens de Monteux ; celle de Caumont; l’autel et le drapeau des Agriculteurs catholiques ; les cheminots de St Ruf , et la troupe des enfants de chœur portant des palmes, des couronnes de roses, des gerbes de fleurs, des pancartes en l’honneur du St Sacrement, des mais fleuris… » Extrait du Courrier du Midi Ecoles, Communautés, Pénitents en cagoule, étendards et bannières, prêtres en dalmatique, en chasuble, en surplis, le Chapitre en grand costume, les enfants de chœur, rivière rouge et blanche, les paroisses avec leurs diverses corporations et leurs insignes, les scouts, les coureurs de St Gens, entouraient Monseigneur de Llobet qui portait le Saint Sacrement sous le précieux dais de la paroisse St Pierre. Il était assisté de l’ancien coadjuteur du Cardinal de Cabrières, Monseigneur Halle, lequel, au dernier reposoir, prononça une allocution vibrante; de Monseigneur Plateau, coadjuteur de l’évêque de Perpignan; Du T.R.R. Dom Bernard, abbé de la Trappe d’Aiguebelle. Les chants étaient conduis par la maîtrise du Petit Séminaire dans une atmosphère de profond recueillement. « Viendra le jour, certainement, où Jésus-Christ reprendra sa marche libre dans la ville où il compte tant de fidèles; le Collège Saint Joseph gardera le souvenir reconnaissant de Son passage au temps de Sa captivité ». C’est en ces termes que M.Amic, 1er Maître, conclut son discours en fin de cette journée mémorable. Au lendemain de cette grande et fastueuse manifestation, en janvier 1927, la Maintenance nouvellement créée, publia son premier bulletin trimestriel intitulé, ancêtre de notre Labarum : « L’Arc en Ciel » avec ces quelques mots en introduction : « Gage de l’alliance divine, un arc-en-ciel est par excellence un symbole de paix religieuse, de fraternité sociale et de victorieuse espérance. Un tel symbole, au milieu des discordes de leur temps, des guerres féodales et des pernicieuses hérésies, les grands Saints du XIIIe siècle, Saint François d’Assise, Saint Dominique, Saint Bonaventure, Fondateurs des ces mutualités d’esprit chrétien qu’on appelle les Tiers Ordres laïques et les Confréries de Pénitents, l’ont fait briller sur la Chrétienté d’un incomparable éclat. Dans sa très modeste sphère, notre bulletin « l’Arc-en-Ciel », organe de la « Fédération des Confréries de Pénitents du Midi, maintenance et frairie générale des Pénitents de Langue d’Oc », s’honorera d’être et de rester l’humble et fidèle reflet de la sublime pensée de fraternité chrétienne de ces grands Saints du Moyen Age. Puisque notre imagination le conçoit comme un arc-en-ciel, nous inscrirons à sa base les deux impressionnantes dates que nos frères les 3Penitents gris d’Avignon » ont si brillamment célébrées l’an dernier par les inoubliables fêtes du VIIe Centenaire de leur Confrérie : 1226- 1926. Il les unira l’une à l’autre. Notre « Arc-en-Ciel » multicolore symbolisera de plus l’union en un seul faisceau de nos confréries de toutes couleurs. Pont mystique entre deux époques, entre le passé et le présent, il sera encore la communion sainte des communes énergies de nos Confréries vivantes. Notre bulletin sera enfin leur verbe leur voix connue et familière ». Devenu le « Labarum », ce bulletin de la Maintenance, garde aujourd’hui encore toute la détermination et l’inspiration de ses fondateurs.
Le 1er Maître des Pénitents Gris P. CANCE 20 avril 2008 |
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